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Un scandale à succès

8-1-scandalessucces250pix.jpgTout au long de sa publication (1751-1772), l’Encyclopédie est marquée par ce paradoxe : c’est à la fois un éclatant succès et un des ouvrages les plus décriés et persécutés de l’histoire.

Malgré son coût élevé (il représente un an de salaire d’un ouvrier imprimeur), l’ouvrage se vend très bien, non seulement en France, mais aussi hors des frontières. Les 1002 souscripteurs de 1751 sont rejoints par d’autres. Les libraires vendent finalement 4000 exemplaires et engrangent un bénéfice colossal.

Il y aura d’autres éditions, copies, contrefaçons diffusées dans toute l’Europe. En 1768, un libraire lillois, Pancoucke, rachète les droits et les cuivres gravés, et réalise les sept volumes de suppléments à l’édition de Paris.

En tout 25 000 exemplaires de l’Encyclopédie sont écoulés avant 1780 : c’est un des livres les mieux vendus de l’Ancien Régime, véritable « best-seller au siècle des Lumières ».

 

Pourtant, peu d’ouvrages auront déclenché tant de fureur : les ennemis sont nombreux et fort agissants. Ils surnomment les encyclopédistes “les cacouacs”. Campagnes de presse, rumeurs et accusations de plagiat se succèdent. Dès 1752, les Jésuites, les Jansénistes et les dévots hurlent à l’impiété, voire à l’athéisme, le Parlement de Paris accuse, le Conseil du Roi suspend la publication et condamne au pilon les tomes I et II à cause des « pernicieuses maximes » qu’ils contiennent.

Mais l’ouvrage a des alliés à la cour : Mme de Pompadour, hostile aux Jésuites, et Malesherbes, directeur de la librairie. La publication peut reprendre.

En 1758, nouveau scandale : De l’Esprit, d’Helvétius, ami des encyclopédistes, est condamné pour impiété ; dans l’atmosphère troublée qui suit l’attentat de Damiens contre Louis XV, on fait rapidement un fatal amalgame : huit « mauvais livres », dont l’Encyclopédie, sont condamnés à la destruction. Le pape la met à l’index. Le privilège royal est révoqué. D’Alembert quitte l’aventure. On enjoint aux libraires de rembourser les souscripteurs. Malesherbes est contraint de saisir les manuscrits de Diderot : mais il l’avertit de la saisie – la légende dit même qu’il cache chez lui les dangereux papiers. Il fait plus : agitant la menace de voir une aussi lucrative affaire quitter la France pour l’étranger.

Aucun souscripteur n’a demandé le remboursement, la diffusion et le succès continuent de plus belle.

Le public a rendu un verdict unanime : l’époque avait besoin de ce livre, et M. Le Breton fut bien inspiré d’engager en 1748 un jeune mathématicien et un utile traducteur.